20 règles d’or pour une création graphique réussie (2e partie)
Seconde et dernière partie de notre dossier consacré à la création de visuels réussis. Pour voir les 10 premières règles d’or, c’est ici que ça se passe !
11. Moins de couleur, c’est mieux
La couleur est excitante mais l’indigestion guette. Si trop de choses se passent en matière de teintes, de valeurs et d’intensité, le spectateur est incapable de dégager une idée dont il se souviendra. Contentez-vous d’une palette simple et créez de riches relations. Avec du noir seul, par exemple, on peut faire beaucoup et l’utilisation d’une unique couleur spectaculaire aura toujours un impact considérable.
12. Le clair et le sombre, avec force
Les valeurs des teintes sont un puissant outil graphique. Assurez-vous que vous utilisez une gamme de teintes claires et sombres mais ne la tartinez pas. Concentrez les zones de noir et blanc extrêmes, créez des explosions de luminosité et des sous-courants sombres. Contrebalancez avec des transitions plus subtiles entre valeurs voisines. Différenciez nettement et clairement les valeurs.
13. Pas de typographie agressive
Il va sans dire que des caractères illisibles ne servent à rien, mais cela va mieux en le disant. La typographie doit être expressive, visuellement inventive et conceptuellement évocatrice. Mais elle doit surtout transmettre de l’information. Pour que tout se passe bien, il faut des polices de caractères lisibles, d’une taille telle que votre grand-mère puisse les lire, et des contrastes de couleurs « normaux ».
14. Jamais plus de 2 familles de polices de caractères
Trois, à la rigueur. Les polices doivent correspondre à des objectifs spécifiques. Il est rare qu’un projet comporte plus de deux ou trois types de texte. Un changement de police signale généralement un changement de fonction. Une police de caractères unique avec une diversité de graisses et des italiques peut suffire. Une seconde police apportera au besoin un contraste bienvenu. Un excès de polices trahit un manque de maîtrise et détourne l’attention du lecteur.
15. Les caractères ne sont pas une greffe
Une typographie dissociée des images ou plaquée sur elles, au motif que cela suffit pour l’intégrer à la mise en page, est souvent inefficace. Les caractères sont des éléments visuels faits de lignes et de points, de formes et de textures qui doivent s’intégrer dans la composition, par-delà les différences apparentes, à tout ce que le graphisme inclut.
16. Pas de redondances redondantes
Une même information ne doit pas être véhiculée à la fois par le texte et par l’image. Le texte doit dire ce que l’image ne montre pas et l’image montrer ce que le texte ne dit pas. Image et texte doivent non seulement se compléter et se conjuguer, mais aussi renforcer la compréhension. Leur complémentarité et leur solidarité renforcent l’implication du public.
17. Rien que du neuf
Fabriquez ce dont vous avez besoin et faites-le du mieux possible, ou payez quelqu’un pour le faire selon vos spécifications. Et ne perdez jamais de vue le fait que la couleur n’est pas nécessairement indispensable. Très souvent, quelques points et quelques lignes, un symbole simple et branché, un motif abstrait ou un gribouillis, constituent une solution originale et efficace. Les options sont innombrables. Essayez de ne pas utiliser ce qui existe déjà, même si c’est moins cher ou plus facile. Créer des images à partir de rien – sur quelque support que ce soit – vous aidera à mieux singulariser le message de votre client et à établir de puissantes connexions avec le public. Et en plus vous pourrez dire que c’est vous qui avez tout fait.
18. Pas de vieux « recopié » non plus
La connaissance du passé aide à comprendre les approches et l’esthétique des aînés, et permet de replacer son propre travail en contexte. Savoir comment un autre a résolu le problème que vous rencontrez est tout aussi utile. Inspirezvous donc du passé, mais ne reproduisez pas servilement le style d’une époque donnée au motif qu’il vous branche. On vous taxerait au mieux de paresse, au pire de plagiat.
19. Le mode d’aujourd’hui n’est pas celle de demain
Un graphiste branché capte souvent l’attention et le public aime naturellement ce qui est à la mode. Mais ne vous y laissez pas prendre. Si vous vous concentrez sur le sens et non sur les tendances stylistiques du moment, vos projets auront une résonance plus forte, ils ne se démoderont pas et leur impact sera plus durable. Personne ne s’extasie devant le Panthéon de Rome, vieux de près de 2000 ans, au motif qu’il serait « si merveilleusement 1er siècle ! ».
20. L’irrésolution est la mère de toutes les ambiguïtés
L’hésitation n’est plus de mise lorsque vous commencez à mettre en place les différents éléments de votre composition. Faites confiance à ce que vous ressentez. Sachez que les apparences sont parfois trompeuses. Un cercle et un carré de même taille semblent de tailles différentes. Il est difficile, souvent, de dire lequel est le plus grand, le plus sombre, ou s’ils se touchent. Recourir à des mesures physiques pour aligner deux éléments qui, au final, ont l’air pas de ne pas être alignés, n’est pas forcément utile. Ce que le spectateur verra, ce sont deux éléments qui auraient dû être alignés mais qui ne le sont pas. Ce qui importe, c’est que le spectateur soit convaincu par ce que vous lui montrez. Une composition résolue est convaincante ; une composition ambiguë ou hésitante est tout l’inverse.
Extrait de :
Manuel de design graphique
Forme et espace, couleur, typo, images, composition : pour des créations originales et percutantes
Timothy Samara
Collection: Hors collection, Dunod
2014 – 320 pages – 203×254 mm
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