Optimiser la profondeur de champ
Pour la photo de paysage avec un Nikon D810, il existe une solution, certes un peu lourde à la prise de vue, qui consiste à réaliser plusieurs images de la même scène avec des mises au point différentes, puis à utiliser en post-traitement le logiciel Helicon Focus qui va permettre de créer automatiquement une image à la profondeur de champ quasiment infinie en prélevant la partie la plus nette de chacune des images. Cela implique bien sûr que l’on utilise un pied et que la scène soit parfaitement statique.
Avec le D810 on pourra avec profit utiliser le mode Lv pour réaliser les diverses mises au point en plaçant la zone de MAP aux différents points du cadrage. Avec un objectif grand-angle de 24 mm et au diaphragme f/8 par exemple, il sera efficace de placer 3 mises au point à 0,6 et 1,5 m puis les mises au point suivantes se feront à 2 m, à 5 m et à l’infini. Soit 6 images en tout. Cela permettra une continuité quasi parfaite de la netteté sur toute l’étendue de la profondeur de la scène.
On pourra bien sûr utiliser plus d’images si on le souhaite. 5 images dans les conditions indiquées seront le minimum, sauf si le premier plan est moins proche. On adaptera le nombre de prises de vue à la focale et au diaphragme utilisés. Plus la focale sera courte, moins on aura besoin de prises de vue. De même, à f/11 on pourra aussi diminuer leur nombre mais on est déjà là dans la zone de diffraction légère. La grande différence avec les images réalisées avec une seule mise au point, c’est que dans ce cas la netteté parfaite n’est obtenue qu’autour de la zone où a été faite la mise au point. Le reste est acceptable mais pas parfait !
▲ Exemple de résultat avec le logiciel Helicon Focus
et 6 mises au point différentes au 24 mm à f/8.
▲ Détails du résultat.
La technique de mises au point multiples permet d’utiliser le meilleur diaphragme de l’optique (f/8 en général). Il peut se produire quelques artefacts lors de l’assemblage des images, cela arrive en général lorsque le premier plan se découpe sur un fond assez éloigné. Dans ce cas une petite frange non nette peut apparaître en bordure du premier plan. Mais ce défaut est très facile à corriger avec l’outil de correction du logiciel qui permet de cloner la partie nette d’une image dans le défaut constaté de l’image assemblée.
Il est aussi possible d’automatiser la séquence de prises de vue si on dispose d’un ordinateur portable. Dans ce cas, avec le logiciel Remote Focus on peut programmer le nombre de déclenchements et les écarts de mise au point. Le logiciel relié par prise USB à l’appareil se charge de l’exécution de la séquence, réglages de mise au point compris.
Cette technique peut être encore plus spectaculaire en prise de vue macro. Mais dans ce cas, les moyens à mettre en oeuvre seront plus sophistiqués. En effet, il serait très délicat d’intervenir sur la bague de mise au point pour réaliser les nombreuses modifications nécessaires sans faire bouger l’ensemble appareil-objectif, et ce type de prise de vue demande une grande régularité entre les pas de mise au point. Donc un accessoire indispensable sera le chariot motorisé commandé par un boîtier électronique dédié. Dans cette configuration on n’agira plus sur la bague de mise au point pour réaliser les différents réglages mais sur l’avancement micrométrique de l’appareil vers le sujet. Cet avancement pourra être programmé dans le boîtier de commande (nombre de pas d’avancement et valeur de chaque pas, en dixièmes de mm). Cela permettra d’obtenir des profondeurs de champ exceptionnelles à ce niveau de grandissement !
Extrait de :
Obtenez le maximum du Nikon D810
Bernard Rome
Collection: Obtenez le maximum, Dunod
2014 – 280 pages – 170×210 mm