Tu n’utiliseras point le mode gâteau d’anniversaire par nuit nuageuse
Un mode de prise de vue hyper spécialisé ne remplacera jamais le savoir-faire d’un bon photographe.
Dans l’espoir de séduire les utilisateurs habitués aux fonctions ludiques et conviviales de leurs smartphones, les constructeurs d’appareils photo rivalisent d’imagination pour proposer toujours plus d’options. C’est ainsi que sont apparus sur les reflex récents des modes de prise de vue préréglés tellement spécialisés qu’ils prêtent parfois à sourire (« Photo sous-marine », « Prise de vue d’aliments », « Prise de portrait à la lueur d’une bougie », etc.) et dont l’intérêt est sujet à caution. Ce déferlement de fonctionnalités ne finit-il pas en effet par effrayer le photographe occasionnel ?
Au moment décisif, celui-ci se souvient-il de l’existence du mode ultra spécifique qui convient le mieux, et si oui parvient-il à le retrouver dans les arcanes de son boîtier ?
Les utilisateurs débutants ayant déjà toutes les peines du monde à saisir réellement l’impact des modes résultats habituels (Macro, Sports ou Paysage) se tournent-ils spontanément vers ces alternatives ? En outre, ces modes cantonnent le néophyte dans l’ignorance totale du fonctionnement de son outil, ce qui n’est jamais bon pour la créativité. Car, comme aurait aimé à le répéter Lao Tseu : « Si tu donnes un mode Photo sous-marine à un homme, il photographiera des poissons ; si tu lui apprends le fonctionnement de son appareil, il photographiera toute la création. »
Pour faire cette photo, j’avais enclenché le mode « Willy Ronis » de mon Leica numérique. Le résultat n’est pourtant pas à la hauteur des œuvres du grand photographe parisien – preuve, s’il en fallait une, que ces modes préréglés trop spécialisés montrent rapidement leurs limites !
Extrait de
Tu n’utiliseras point le flash automatique
Florence At, Vincent Burgeon, Fabien Ferrer
Collection: Hors collection, Dunod
2015 – 384 pages